25. Sans fleurs, ni couronne…


Nul ne saurait être plus sensible au respect des usages que ce lauréat de l’existence, héritier sans talent véritable, à qui la fortune a sourit sous la forme d’une particule. Un détail aussi bref qu’est grand l’orgueil qu’il en tire.

Dressé à mépriser le commun, son illusion fut de croire que passée la Révolution, le pire était derrière.

Couvertes de poussière, les armoiries qui firent la gloire de sa famille confèrent à sa gentry, ce surplus de solennité que, seuls peuvent offrir Alzheimer et le temps. Un nom, dont ce fils de s’enorgueillira autant que cette nature mercenaire où son ordre l’oblige dans ses relations avec les autres.

Il a conscience que le respect qu’inspirait son bristol n’est plus du moindre effet. Aujourd’hui, n’importe quel fédéré, pour peu qu’il soit en fond, se voit autoriser à faire sienne des runes pour lesquelles plus d’un pair de son royaume déchu aura bouffé son extrait de naissance.

Palier à cette contrariété n’a pas été simple. Mais l’aristocrate a saisi que pour survivre, le moyen le plus sûr était encore de s‘adapter à la nouvelle donne, plutôt que de la subir une fois de plus…

Rendre inoffensif le communard ayant réussit en affaires et s’en faire un allié s’avéra être un bon départ. Lui enseigner à imiter ses bonnes manières fut un plus. Et souffrir de mélanger ses gênes à l’intrus, aura été un sacrifice au moins aussi grand que celui qui a vu raccourcir son aïeul… Bon sang ne saurai mentir !

Malgré sa victoire de 1789 et tout riche qu’il soit désormais, le chevalier nouvellement adoubé aura eu un parcours moins linéaire que celui de l’auguste. Un périple comme une superposition de ruines à travers laquelle les choses ont suivies un plan opaque.

Une feuille de route qui dès le départ l’a contraint à ne rien capter de son avenir. Aucun indice testamentaire n’a pu l’instruire sur ce que la vie allait réserver. Ce fut sa force et sa noblesse à lui.

Les mythes ont la vie durs et prêter aux riches n’est pas le moindre. Pour une raison qui m’échappe, on accorde toujours au bien-né ce qui est reproché au parvenu. Sans doute que l’imaginaire populaire lui sait gré d’avoir céder à plus nécessiteux quelques-unes des douceurs dont sa naissance l’a comblée.

Quoi qu’il en soit, anciens et nouveaux maîtres, forme un ensemble baroque dont la cohésion se trouve assurée par la vision commune qu’ils ont du monde. Chacun gardant à l’esprit ce qu’un mur bâti sur des origines sociales a de fragile, dès lors que le sang et l’intérêt servent de mortier. Et c’est sans surprise que l’on verra encore les classes ordinaires appelée à être gouvernée, faire les frais de cette union contre nature.

A se demander si ce n’est pas sa propension à se faire baiser par l’Histoire qui rend la masse des gens faible si désespérément misérable.

Pourtant, si on en juge par l’actualité, la pression où l’on contraint la piétaille peut à tout instant se retourner contre les châtelains, cédant comme en 89 la place à une terra incognita. De là à avancer qu’une révolution couve… faut sans doute pas exagérer.

En attendant, on ne peut qu’admirer l’étrange gravité qui pèse sur ces rois du monde. La façon qu’ils ont d’évoquer la fronde sans jamais cesser de sourire. Un rictus poli qui n’écarte pas l’éventualité qu’ils connaissent la réponse aux questions qu’ils se posent…

  • Père, me diriez-vous pourquoi vous avez épousé maman ?
  • Ah ! Toi aussi tu te poses la question fiston…

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