35. Un château sur le sable…


Ce n’est ni un plaidoyer, ni un réquisitoire (enfin… peut-être un peu), pas une satire, ni un panégyrique, mais une tranche d’histoire aussi objective que possible de la vie d’un clan de bédouin. Celui des Saoud…

Pour les situer, On dira d’eux qu’ils sont puissants, sans scrupules et issus d’une génération de propriétaires. Et là, on ne parle pas d’héritiers élevés au grain de la Beauce et de leurs minables appartements terrasse donnant sur le bois de Boulogne ou la Seine… C’est de pays qu’il s’agit. De nation couchée sur testament et en nom personnel, s’il vous plait ! Qui plus est, grande comme trois fois la France.

Rien de commun non plus avec ces principautés donnant sur mer, sujettes aux aléas de quelques casdingues plus ou moins fréquentables. Une fois encore, il s’agit d’être sérieux.

Ce sont des péninsules que l’on aborde. Des territoires sous le sable desquels coulent des Nils de matières fossiles. Du brut, du lourd et du qui se monnaye au comptant ! Millions de mètres cube brulant sous la torchère et dont le bouillon s’entend jusque dans les veines de ceux qui vivent là.

Une maison distinguée que celle des Saoud. Installée au début siècle dernier par le briton, elle s’est vu consacrée sur le tard par une Amérique en pleine croissance. Une protection sur mesure qu’elle aura négociée au prix d’un jaja bon marché histoire de faire tourner la boutique de ses nouveaux copains.

La famille a fini par donner son blase à l’Arabie tout entière. Espace technicolor qu’elle occupait alors avec d’autres… avant que lui prenne l’idée opportune de les massacrer. Depuis, elle demeure étanche au partage. Rétive même au concept de bon voisinage.

L’Onu a eu beau lui offrir des commissions droit-de-l’hommistes, qu’elle n’en fait qu’à sa tête la rosse. C’est pourtant un grand honneur que d’être appelé à représenter une aussi docte assemblée. La famille en est consciente. Cependant la fonction n’est pas toujours compatible avec cette manie qu’elle a gardée de couper les têtes qui la dérange.

Faut admettre, que voir le représentant d’un royaume se promener un sabre à la main en guise de sceptre dans un coin connu pour ses humeurs versatiles, a de quoi rendre nerveux.

Confronté aux excès de cet allié un rien casse-couilles, même Obama dont on sait pourtant le gout pour le tranchant des choses, ne cache pas son agacement. En effet, pour la première fois depuis soixante-dix ans, l’establishment américain critique ouvertement cette Arabie amie.

Faut dire que l’improvisation diplomatique de son protégé est devenue pesante. Et si au cours du siècle passée, la pétromonarchie a fait plus que contribuer à maintenir un système sans lequel le dollar aurait cessé d’être la monnaie de réserve mondiale et vu le domino américain s’effondrer, Washington en a soupé de ses conneries.

L’arrivée de Salman sur le trône début 2015, avec dans ses basques en guise de conseiller, son très belliqueux fils Mohamed ben Salman – que l’on appellera Jafar pour faire simple – n’a pas contribué à arranger les choses. Détestable au point de se voir contester au sein de sa propre famille. Vraiment pas facile le rejeton.

Avec lui, finit la prudence qui caractérisait la dynastie. Lointain, le souvenir de ces aïeux qui évitaient l’affrontement direct. Vieillards qui préféraient graisser les paluches que leurs bouches mal équipées n’autorisaient pas à mordre. La relève qu’incarne Jafar a les dents longues. De belles ratiches que le jeune maitre n’a de cesse de montrer. Et autrement qu’en souriant le bougre !

Pour se faire une idée de l’ampleur du désastre que l’on doit au cheikhillon, on ne retiendra que les morsures qu’il a opéré sur l’année écoulée : gestion des lieux saints (2.000 morts dans une bousculade à La Mecque), déclanchement de la guerre au Yémen (7.000 morts, 90% civils), condamnation du blogueur Raif Badaoui (10 ans de prison, 1.000 coups de fouet et 266.000 $ d’amende), décapitions collectives (47 opérées le même jour pour convictions religieuses différentes… dont celle du plus imminent chef spirituel de la communauté Chiite locale).

S’il avait voulu envenimer des relations déjà pas au beau fixe avec le voisin chiite iranien, il ne s’y serait pas pris autrement… Obligeant du coup la communauté internationale à choisir entre la peste qu’il incarne et le choléra en voie de guérison d’une république Perse de plus en plus perçue comme un facteur de stabilisation régionale. En tout cas, depuis que l’Amérique ne la boude plus.

Rappelons qu’avant d’être le foyer du terrorisme islamique que l’on sait, la doctrine incarnée par les Saoud (le wahhabisme), était considéré comme la plus obscure école de l’Islam sunnite il y a encore peu. Rigoriste au point d’être perçue comme une secte par toute la communauté musulmane… chiite et sunnite inclus.

On lui doit notamment d’avoir inspiré le nihilisme prôné par Al Qaida et Daech. A leurs actifs, quelques féconds ravages : ceux de l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, le Yémen, Bahreïn, l’Indonésie, la Somalie, le Soudan, le Nigéria, le Mali, la Libye… et récemment le paisible Burkina Faso. Palmarès édifiant s’il en est, dont on se gardera d’omettre les braises qui ont couvé à Beyrouth et à Paris.

Certes, sans doute pas seuls a incriminer ces Saoud mais dans tous les mauvais coups.

Aussi, disons les choses une fois pour toute ! On enrage de voir nos gouvernants faire semblant de ne pas savoir que sous la férule de Jafar, la maison dont on parle exerce un terrorisme patent. Que la pensée qui anime ce terminal pétrolier éclipse toute notion raisonnable. Qu’elle est l’inspiratrice des désordres actuels et que le malaise de la communauté musulmane d’Europe dont l’ambition est de vivre en harmonie de son époque, est du au trouble jeu de ces émirs d’un autre âge. Bande d’apprentis sorciers assis sur un tas d’or qui pratique l’esclavage de façon séculaire et accorde à la femme une place dont ne voudrait même pas un abat-jour !

Que ces Mickeys, préposés de holdings, qui nous gouvernent posent leurs matos sur la table. Qu’ils remballent ce blindage qui a fini par nous revenir en pleine gueule. Au lieu de gaspiller ce plomb en le fourguant à plus cons qu’eux, qu’il le garde histoire de s’en mettre un peu dans la tête. Au moins de temps en temps…

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